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Pardonner Edward Snowden, le challenge d’Obama

Alors que la campagne présidentielle américaine bat son plein et que la fin du deuxième mandat de Barack Obama approche à grand pas, ce dernier doit faire face au bilan de ses huit dernières années, mais également aux dossiers qui se sont avérés plus difficiles à résoudre, notamment la prison de Guantanamo qui n’a toujours pas fermé ses portes ; la guerre en Syrie qui reste un fiasco humanitaire ; les violences policières ; mais aussi le dossier Edward Snowden.  

Nous connaissons tous le nom d’Edward Snowden. Le 6 juin 2013, les journaux The Guardian et le Washington Post révèlent une information commune, que la National Security Agency (NSA) et le FBI espionnent massivement la population américaine et mondiale, avec un accès illimité au serveurs des systèmes Google, Apple, Facebook, Yahoo, Microsoft et Skype. The Foreign Intelligence Surveillance Court (FISA), un tribunal censé protéger les droits à la vie privée des citoyens américains, ne surveillait que superficiellement les agissements de la NSA, leur autorisant les plus grandes dérives. Le gouvernement américain espionnait ainsi des dirigeants étrangers, certains leurs alliés politiques et militaires, et récoltait et stockait plus de 200 millions de messages électroniques par jour.

Credit: Politico

Credit: Politico

Un scandale international 

Le directeur de la NSA, James Clapper, a été obligé d’admettre qu’il avait menti au Congrès concernant les techniques d’espionnage de son organisme. Il a par la suite admis que ces révélations étaient un soulagement pour la nation, que ce débat opposant vie privée et sécurité nationale avait parfaitement lieu d’être. Barack Obama lui-même, à plusieurs reprises, s’est efforcé de plaider pour une plus grande transparence concernant les agissements de la NSA et pour des techniques de renseignement plus modérées et démocratiques.

Le 11 juin, The Guardian révèle l’identité de leur source – Edward Snowden, un jeune analyste de 29 ans qui avait travaillé à la NSA durant 4 ans. Le jeune homme avait insisté auprès des journalistes, qu’il avait lui-même contacté avec ces informations, de dévoiler son identité. Malgré les risques, il tenait à présenter un visage humain pour illustrer cette fuite massive provenant d’un des organismes les plus sécurisés aux Etats Unis. Son but était « d’informer le public de ce qui est fait en son nom et de ce qui est fait contre eux ». Il tenait à engendrer un débat sur les libertés civiles qui étaient constamment piétinées, dans le silence le plus total. Le gouvernement américain mène depuis sans relâche une traque pour le ramener aux Etats-Unis et le trainer devant la justice américaine, qui s’est montrée par le passé impitoyable avec les lanceurs d’alerte. Depuis le 23 juin, Snowden réside en Russie, où il a obtenu l’asile politique pour au moins 3 ans.

Lire aussi: Snowden, la Fin du Grand Justicier? 

Snowden devient un Symbole 

Depuis, Edward Snowden a connu une ascension médiatique fulgurante. Beaucoup le détestent, le considérant comme un véritable traitre à sa nation. D’autres le vénèrent, l’élevant au rang de héros national ayant mis sa vie en danger dans le but d’informer le public américain des dérives totalitaires de son gouvernement. Depuis la Russie, il donne régulièrement des interviews et des vidéos conférences sur la cyber sécurité et le risque des flux de données informatiques. C’est désormais un personnage public extrêmement sollicité. Plusieurs documentaires lui ont été entièrement dédiés. Le 16 septembre 2016 sortait au cinéma un film du réalisateur Oliver Stone, Snowden, qui retrace son histoire digne d’un roman d’espionnage. Même Hollywood s’est accaparé de son incroyable destin dont la fin reste encore à écrire.

Credit: Forbes

Credit: Forbes

Cette visibilité internationale peut sans doute servir une récente campagne du Guardian qui rassemble divers personnages publics demandant à Obama de pardonner Snowden, de manière à ce qu’il puisse rentrer dans son pays sans être écroué par la justice. Le 14 septembre dans une tribune, Bernie Sanders, Susan Sarandon, Daniel Ellsberg, Terry Gilliam, Malkia Cyril, Noam Chomsky, et Cornel West entre autres, s’expriment tous en faveur d’un pardon présidentiel envers le jeune analyste. The Los Angeles Times s’est également déclaré favorable à ce pardon. Curieusement, The Washington Post, qui avait gagné un prix Pulitzer pour ses révélations sur la NSA en 2013, ne considère pas qu’un pardon soit approprié considérant que Snowden n’est pas au-dessus des lois américaines.

Etant donné le traitement infligé aux ‘whistleblowers’ (sonneurs d’alerte) dans le monde entier (Chelsea Manning, Julian Assange), il est peu probable que l’embarras causé par les révélations de Snowden envers le gouvernement américain soit pardonné aussi facilement. Mais la roue pourrait bien tourner en fonction du ressenti de l’opinion publique.

 

Snowden de Retour sur Twitter

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